L’épée seule de Joachim Meyer, Partie 10 : La porte de fer – Se protéger des feintes

Dans la partie précédente a été présenté une multitude de manières de parer depuis la porte de fer. Il est tentant d’essayer de tromper un escrimeur qui ne fait que se défendre. L’adversaire peut alors essayer de feinter ses attaques pour balader son opposant. Mais il y a des moyens pour éviter d’être trompé, et c’est le sujet de la deuxième partie des pièces issues de la porte de fer.

Comment tu dois te garder contre les feintes et comment tu dois te comporter contre des coups et des estocs feintés

Maintenant que tu as entendu d’une manière simple et compréhensible comment tu dois attraper les coups de ton adversaire, les écarter et rapidement riposter, il est maintenant nécessaire de savoir comment tu dois te comporter contre ceux qui retirent leurs coups, afin que tu ne sois pas trompé avec cette parade. En effet si ton adversaire est plutôt expérimenté et entraîné, il ne laissera pas toujours le coup toucher, s’il remarque la fermeté de ta parade. Il va plutôt les retirer loin de toi, changer autour [de ton épée] et te laisser manquer. Par conséquent, afin que tu ne sois pas trompé par cela, et que tu puisses l’anticiper, je vais t’expliquer cela à travers le principe suivant :

Et premièrement retiens que dans toutes parades, tu ne dois pas aller sur le côté de plus d’une paume du point d’où tu diriges ta parade, que ce soit vers le haut ou vers le bas. De cette façon tu restes toujours avec ta garde dans un cercle d’une bonne largeur de paume ou de pied autour du point de ta parade. Cependant ton corps n’est pas toujours assez couvert ou protégé avec cette parade, il faut alors que tu esquives ou que retires ton haut du corps en marchant sur le côté ou en penchant ta tête hors de ses coups et loin de sa lame. De cette manière tu diriges toujours ta garde devant toi comme un bouclier, avec le bras tendu. Lorsqu’il frappe ou estoque, alors tourne aussitôt le long tranchant à son encontre et retire et ton visage loin de sa lame, derrière la tienne. Cependant s’il devait estoquer plus bas, alors tu dois non seulement aller vers le bas avec ton arme, mais aussi tu baisser tout ton corps avec l’arme étendue, à moins que tu n’aies vu l’opportunité d’exécuter une pièce. Ou bien, lorsqu’il estoque aussi bas, alors esquive avec ton bas du corps en reculant et estoque en même temps droit devant toi vers son visage.

Cela conduit au second principe, qui est celui-ci : dans toutes les parades dirige la pointe droit ou vers son visage. Quand il frappe, alors tourne simultanément le long tranchant contre son coup, comme je te l’ai appris jusque-là, et dans le même temps observe très soigneusement où il veut ramener le coup ou l’estoc qu’il a envoyé. Tu ne dois alors pas aller vers [le coup] avec ta garde, mais seulement tourner long tranchant et suivre avec des pas ou marcher rapidement vers le côté duquel il a ramené son coup. Estoque alors droit devant toi, vers son visage, pendant qu’il est encore en train de ramener ou d’aller autour [de sa tête avec son coup].

Ainsi tu ne pares pas vraiment, c’est-à-dire que tu vas à l’encontre [du coup] avec ta garde, mais dès que tu aperçois qu’il va rétracter, alors tu marches de l’autre côté, tu tournes juste le long tranchant et tu estoques simultanément droit devant toi, ainsi tu as paré. Car celui qui veut tromper son adversaire en ramenant [son arme] autour [de sa tête] ou en changeant à travers se découvre ou réduis sa portée, à moins qu’il ne soit très rapide à faire la feinte avec la gestuelle appropriée. Mais contre un escrimeur inexpérimenté et non-entraîné, cela touchera certainement. Cela sera abordé plus longuement plus tard.

Pour se protéger des feintes il ne faut pas “jouer le jeu” de l’adversaire. Plutôt que d’envoyer son arme à droite ou au gauche pour parer, il faut que celle-ci bouge le moins possible, pour être toujours prompte à la défense. Au contraire, c’est le corps qui doit bouger, pour toujours se mettre derrière la lame. Celle-ci est du coup toujours orientée vers l’adversaire.

Il est ainsi beaucoup plus facile d’être réactif face aux changements d’attaques de l’adversaire et de pourvoir le poursuivre lorsqu’il ramène son arme vers lui.

Comment tu dois faire manquer les coups violents de ton adversaire, puis contre attaquer

Lorsque tu es venu dans l’approche vers ton adversaire avec la parade droite, alors reste fermement dans la parade droite avec l’arme étendu devant toi, et fais attention au moment où ton adversaire t’assaille de chaque côté avec de violents coups et estocs. Écarte loin de toi ses coups et estocs avec une bonne parade étendue, une fois ou plusieurs fois, jusqu’à ce que tu aperçoives une opportunité, lorsqu’il envoie ses coups le plus sérieusement et avec confiance. Par conséquent observe soigneusement le moment où il envoie vers toi un coup approprié pour cela, recule avec ton pied avant jusqu’à ton pied arrière. Juste au moment où son coup doit toucher, ramène ta parade loin de lui, vers toi et vers le haut, vers le côté duquel il a envoyé son coup, de sorte qu’il ne touche pas ta parade avec son coup, mais qu’il tombe juste devant elle. Avant que son coup ne soit arrivé au sol, frappe rapidement vers son visage, sa poitrine ou sa main, avec un large pas de ton pied droit. Ceci est une très bonne pièce avec laquelle tu dois te familiariser à travers l’entrainement et que tu dois étudier avec attention.

Si l’adversaire ne peut plus faire de feinte, il sera peut-être tenté de placer ses coups en force. Ils seront plus faciles à anticiper et il vaudra peut-être mieux les esquiver que le parer. On peut alors atteindre l’adversaire lorsqu’il manque son coup. Cette pièce qui décrit une des façons de réaliser la poursuite, ressemble très fortement à celle que l’on trouve chez les glossateurs de liechtenauer.


L’épée seule de Joachim Meyer :

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