Parmi l’ensemble des textes allemands parlant de bâton, celui de Joachim Meyer est un peu à part. C’est probablement celui dont le contenu est le plus imposant et le plus éloignés des premiers traités.
Le bâton ouvre la cinquième partie du Discours détaillé de l’art de l’escrime, qui est dédiée aux armes d’hast. Celle-ci commence par le bâton, qui fait office d’introduction et de base d’enseignement pour les deux armes suivantes, la hallebarde et la pique. La traduction de la partie sur le bâton est disponible dans la section travaux.
Comme pour toutes les armes présentées avant dans le traités, la partie sur le bâton peut être découpée en plusieurs parties. Elle démarre par une présentation des différentes gardes. S’ensuivent ensuite plusieurs pièces depuis ces mêmes gardes. Joachim Meyer conclut enfin en décrivant plus en détail les feintes, les techniques de corps à corps et les dégagements au bâton.
La particularité du bâton de Joachim Meyer vient de la tenue de l’arme. Comme pour la plupart des armes d’hast, la main gauche est devant sur la hampe et la main droite au talon. Cependant contrairement à d’autres auteurs, l’arme sera toujours tenue de la même manière et la partie du bâton en avant de la main gauche sera toujours celle qui sera présentée à l’adversaire. De la même façon, c’est le pied gauche qui sera devant la plupart du temps.
L’arme utilisée est un bâton d’assez grande taille. Aucune mesure n’est donnée mais les illustrations donnent une idée des proportion. En se fiant aux illustrations du premier plan, celles qui semblent les plus rigoureuses en terme d’échelle, on peut observer que le bâton est de la hauteur d’un homme avec le bras tendu. Cela donne une taille d’environ deux mètres.
Comme pour l’épée longue, le dussack et l’épée seule, Joachim Meyer découpe le bâton en plusieurs parties : il y a d’abord le faible qui correspond au premier quart de l’arme en partant de la pointe, le fort qui est la partie devant la main avant, la partie entre les deux mains, ainsi que le talon qui est derrière la main arrière. Le bâton est une arme longue, ce qui implique que les effets de levier seront plus importants avec cette arme qu’avec toutes les autres. C’est pour cela que Joachim Meyer conseille d’être particulièrement attentif à la partie du bâton avec laquelle on va lier celui de l’adversaire, pour effectuer la technique la plus adaptée. Il rappelle alors ce qui à déjà été vu dans la section de l’épée longue :
- Les frappes et les estocs sont faits avec le faible
- Lorsque le liage se fait avec le milieu de la partie avant du bâton, il faut rester au contact et sentir ce que fait l’adversaire pour répondre avec une action adaptée.
- Si le contact se fait entre les mains ou avec le talon il faut alors engager l’adversaire au corps à corps.
Les gardes
Les gardes sont au nombres de cinq, mais certaines peuvent se faire à droite ou à gauche. Les gardes sont les positions de départ et d’arrivée des coups, mais également des postures dans laquelle ont attrapes les attaques de l’adversaire. Elles balisent l’espace de travail de l’arme.
La Garde haute
C’est la garde depuis laquelle sont envoyées les frappes descendantes. Le bâton est tenu à la verticale et le talon est au niveau de la hanche. La garde haute peut se faire à gauche comme à droite. Lorsque des coups sont donnés depuis la garde haute, ils se finissent dans la garde basse du côté opposé.
Bien que cela soit décrit très furtivement, il existe une garde du bœuf au bâton. Il faut se positionner avec le bâton au-dessus de la tête, la pointe tournée vers le visage de l’adversaire. C’est depuis le bœuf que sont envoyés les estocs plongeants.

La Garde basse
C’est position dans laquelle on tombe après avoir donné un coup de dessus. Elle se fait aussi avec le pied gauche en avant. On peut prendre la garde basse à gauche et à droite mais le talon restera toujours au niveau de la hanche droite. Depuis cette position on envoie des estocs, mais également des frappes du faux tranchant, qui revient alors dans la garde haute.

La Garde du milieu
La garde du milieu, aussi appelée la parade droite, est la position la plus commune dans le bâton de Joachim Meyer. Elle se prend le pied gauche devant, le bâton est maintenu plutôt à l’horizontale, dirigé vers le visage de l’adversaire. Le bras arrière est fléchi, le talon au niveau de la poitrine, le bras avant est tendu le long du bâton. C’est une posture par laquelle on passe souvent : les coups de haut et de bas passent par elles, et elle est également le point de départ des estocs médians et c’est également dans cette position que l’on pare la plupart des attaques adverses.

La Garde de côté
La garde de côté est similaire en bien des points à la garde de la colère, que l’on trouve à l’épée longue et au dussack. La jambe arrière est devant, le corps est en retrait. L’arme est dans le dos, prête à frapper avec un coup horizontal, pour ensuite revenir dans la garde de côté opposée.

La garde de la hampe
Cette dernière garde est le plus souvent employée comme parade. Elle existe en deux versions, l’une avec le pied gauche devant, l’autre avec le pied droit.
La deuxième version n’est pas illustrée, mais semble correspondre à une posture que l’on trouve dans La Noble Science des Joueurs d’Épées. Dans ce cas là, l’arme est en position pour frapper.

Attaques et parades
L’estoc est le moyen le plus utilisé pour attaquer l’adversaire, et plus particulièrement son visage. Les estocs chez Joachim Meyer se démarquent de ceux des autres auteurs : ce sont pour la plupart des estocs “volants”. Ils sont poussés avec la main arrière, à la manière d’un coup de billard. A la fin de l’estoc cette main arrière vient rejoindre la main avant. La portée du coup est alors beaucoup plus grande et la distance entre les s’en retrouve alors augmentée. Avec ces longs estocs, le risque est de perdre le contrôle sur son arme. Il faut alors les faire avec prudence et toujours veiller à sa distance.

Il est évidemment possible de faire des frappes au bâton. A l’instar des autres armes du traité, celles-ci se donnent suivant quatre directions : verticale, diagonale, horizontale et diagonale remontante. Les frappes descendante sont données depuis les gardes hautes et finissent dans les gardes basses. Les coups horizontaux sont envoyés depuis les deux gardes de côtés. Les coups de dessous sont envoyés depuis les gardes basses ; en revanche ceux-ci sont souvent fait avec le faux tranchant, ce qui permet de revenir dans la garde haute.
On remarque également que les coups on une portée plus courte que les estoc, à cause des mains qui restent bien écartées sur le bâton. C’est une des raisons qui font que les frappes vont surtout viser le bâton adversaire, son bras ou sa main avancée.
Il est également possible de faire des attaques à une main, des frappes et des estocs. Dans les deux cas, la main avant part du bâton et la portée devient alors maximale. Il faut cependant faire très attention avec ces techniques, car c’est avec elles que l’on a le moins de contrôle sur le bâton, ce qui peut excessivement profiter à l’adversaire.
Deux gardes vont servir de posture défensives : la parade droite et la garde de la hampe. La première est la plus utilisée, et permet de se protéger derrière sont arme tout en menaçant l’adversaire de la pointe. La garde de la hampe, ainsi que ses variations comme la garde du bœuf ont l’avantage de couvrir plus facilement la tête des frappes descendantes.
Comme pour le reste des armes, Joachim Meyer propose ensuite des pièces issues des différentes gardes pour illustrer la pratique du bâton. Cela sera traité dans les parties suivantes