A la fin de son traité, Antonio Lovino aborde plusieurs points théoriques de l’escrime, et parle notemment de ce qu’il appelle le jeu découvert :
Ensuite, venons à ce qu’il faut penser de ceux qui louent le jeu découvert. Je vais pour commencer vous présenter leurs opinions et raisons, pour pouvoir mieux à partir de fondements solides, donner la riposte qu’il convient. Je dis que le fondement de ceux dont le jeu est de se découvrir de manière évidente à l’adversaire est que ce dernier va plus résolument et courageusement à frapper le lieu découvert que s’il est couvert. Ils pensent que dans le temps où l’ennemi va pour frapper, ils esquiveront de la vie, secoueront l’épée de pointe et de taille et le frapperont. Ainsi sont leur fondement et dessein. Avec de tels principes, ils cherchent à dire qu’il est erroné de parer. Je vais leur répondre par un raisonnement fondé sur la vérité : que le jeu couvert est préférable au jeu découvert. La raison est celle-là. Celui qui est instruit dans la science des armes, comme je l’ai écrit en mon volume, en jouant couvert comme il faut, ira toujours en avant trouver l’épée et l’ennemi. Allant toujours en avant couvert, avec bonne raison, il trouvera et oppressera son adversaire, sans se mettre en danger en se découvrant, puis il attendra. Ce qui arrive de coutume et qui est arrivé, c’est que des joueurs vont avec de telles raisons le frapper dans le lieu découvert ; Ils n’ont eu le temps ni d’esquiver, ni de secouer l’épée de pointe ou de taille, comme ils le concevaient. Pire, ils n’ont pas eu le temps de présenter quelque défense, de telle manière qu’ils ont mal fini.
Cela est à mettre en relation avec la manière de se battre de Joachim Meyer, ou justement une grande part de la tactique consiste à arriver dans des positions très découvertes pour inciter l’adversaire à attaquer, et ainsi le piéger avec une parade riposte.